Ça se trouve où, un prêtre ?

L'homme sembla réfléchir un moment avant de le diriger plus loin dans la cité. Les directions de celui-ci l'amenère à un petit bâtiment d'apparence récent et sans grande facétie, fait étonnant connaissant l'amour du luxe d'Aenor.

L'intérieur de l'endroit toutefois dégageait un air chaleureux qui invitait tous du plus grand au plus petit à venir chercher refuge et tranquilité en son sein. La chapelle aurait presque pu paraitre plus à sa place dans un village que dans la grande cité elle-même.

Une très vieille femme était occupée à passer le balais dans l'enceinte et chantonnait à voix basse. C'était la seule personne présente.

La vieille femme leva son regard vers lui et le toisa de ses yeux ou brillaient toute la sagesse des années.

Tu te trouves dans la demeure du Seigneur mon fils, à qui veux-tu demander conseil sinon à lui? Pourquoi poser une question dont tu connais déjà la réponse. Demandes plutôt celle qui t'a amené ici.

Alimer eut un petit sourire en entendant la réponse de la vieille dame.

*La seule bonne raison de poser une question dont on connait la réponse est d'en avoir la confirmation*, pensa-t-il, s'amusant de la remarque. Il était toutefois intrigué de la façon dont la femme avait appelé Aenor. Aussi loin qu'il s'en souvenait, ce n'était pas l'un des titres que portait son Gardien. Que cela signifiait-il ? Il devait en savoir plus avant de trop en divulguer sur lui-même.

(Connaissance Religions : Est-ce habituel que des gens appellent leur Gardien Seigneur sans y ajouter le nom complet (du genre parler de Naevar en ne l'appelant pas Seigneur de la Rétribution, mais juste Seigneur) ? Et est-ce que c'est normal dans le clergé d'Aenor ?)

Ce qui m'amène ici ? Beaucoup de choses, j'en ai bien peur. J'ai tenté d'accomplir une mission m'ayant été confiée par le Grand Dragon de Rubis, et il semble que les choses ne se déroulent pas comme prévu. Je pense avoir ou bien écouté les mauvaises personnes, ou bien avoir mal compris ce que l'on attendait de moi.

Alimer restait encore vague pour le moment, attendant de voir où la situation s'en allait et restant prudent pour l'instant.

(HJ : En guise de respect, le titre complet est souvent utilisé mais certaines divinités, comme Aenor entre autre, sont moins formel et acceptes que l’on ne les appels que Seigneur. )

Aenor parle souvent mais pas toujours clairement. Il arrive que nous interprétions ses paroles de façon erronée. Il faut alors reconnaitre son erreur et agir au mieux pour la corriger. Notre Seigneur est un gardien qui aime enseigner par l’exemple, il ne punit que rarement mais nous avertis souvent de façon très claire lorsque nous nous avançons dans un chemin dangereux. Il suffit alors de corriger notre chemin de notre mieux avant de recommencer à avancer.

La vielle femme avait parler d’une voix douce et calme, comme le ferait une mère qui raconte une histoire à son enfant à l’heure de dormir. Son ton ne portait aucun jugement et elle ne demanda pas ce qui tracassait le jeune prêtre.

Celui qui regarde le haut du sablier y voit la vieillesse; celui regardant le bas, la sagesse, répondit-il avec un sourire.

Courte pause.

Vous êtes templière, n'est-ce pas ? Ou du moins, avez porté ce titre durant une époque.

La question d'Alimer ne se voulait pas intrusive, même si cela pouvait le sembler. Il s'était rappelé de ce que Valoriel lui avait enseigné : à l'avant d'une église, sur le perron, se trouve normalement un templier protégeant le lieu sacré. Il avait l'intuition que c'était exactement ce que faisait la femme, sans qu'elle le laisse paraître.

La vieille femme eut un sourire mystérieux à la demande d’Alimer.

Oui je crois avoir déjà porté ce titre. C’était il y a de nombreuses années la dernière fois ou l’on m’a appelé templière.

Il est raconté qu’il y a de cela très longtemps, bien avant qu’Aenor ne devienne un être divin et qu’il n’était qu’un jeune garçon encore, il ne s’intéressait nullement aux femmes préférant les voies de la guerre à celle de l’amour. Il a fait plusieurs combats épiques à cette époque malgré son jeune âge. Il n’était pas plus âgé que 17 hivers que l’on dit au moment de cette histoire. Il était avide de gloire et de prouver son courage et sa valeur. Il est vrai que lorsque l’on a le dieu de la guerre comme père et la déesse de la création comme mère, il peut être demandant de toujours être à la hauteur de cette image.

Quoiqu’il en soit, vint un jour ou le jeune Aenor se retrouva dans une arène de combat afin de montrer à tous la grande force physique qui était la sienne. Il se retrouva donc fasse à un taureau d’une taille prodigieuse. La bête le regardait d’un air mauvais, les yeux rouges injectés de sang et de colère. Elle renâclait et grattait le sol de sa patte droite prête à charger sauvagement le jeune matador improvisé.

Aenor observait la bête d’un calme froid, nullement impressionné par celle-ci semblait-il, comme s’il était ignorant du danger qu’il courrait. Pour son combat il ne portait qu’un pantalon de cuir, laissant sa poitrine dénudée et exposée aux cornes de la bête. Il faut noté qu’Aenor, contrairement à son père a toujours considéré les armures comme un signe de faiblesse. Il a pour habitude de dire qu’un guerrier n’a pas besoin d’encaisser une attaque qui ne le touche pas, et que si une attaque le touche alors il ne vaut pas son pesant d’or.

La bête s’élança donc contre lui avec toute sa rage, bien décidée à l’encorner. Aenor évita sa charge d’un mouvement preste de côté, empoignant sa corne gauche de sa main au passage. Il se servit du momentum pour se hisser sur le dos de l’animal frustré d’avoir échappé sa cible. Une fois juché sur celle-ci, il prit la corne droite dans son autre main et en un seul mouvement sec, tordit et cassa le cou de l’animal. En un battement de coeur le terrible animal s’effondra raide mort au sol.

Elle laissa le silence planer un moment avant de lui demander.

Que t’apprends cette légende, jeune Seigneur ?

Que j'en ai encore beaucoup à apprendre, commença Alimer à demi-ton. La remarque s'adressait autant à la templière qu'à lui-même. Alors qu'il avait contrôlé son envie de sortir son livre de notes pendant que la dame parlait, il fit le geste si souvent répété d'ouvrir la grosse poche à sa ceinture pour récupérer le précieux livre à couverture ornée d'un dragon, pendant qu'il commença à répondre à la question qui lui avait été posée.

Tout d'abord, que l'âge et la valeur ne sont pas la même chose, et qu'il en va de même avec la sagesse. Qu'il n'est pas nécessaire de porter une armure lourde pour réussir à combattre ou à se défendre. Que même au beau milieu d'une situation périlleuse, il faut conserver sa capacité de réfléchir et d'agir, sans se laisser contrôler par la peur. Et enfin, qu'il est important de connaître sa valeur et ce que l'on peut faire, de tenter repousser ses limites et de devenir plus fort, mais aussi de savoir à quel moment il convient de ne pas s'entêter.

Alimer s'arrêta un instant, débattant rapidement avec lui-même à savoir si c'était le moment de poser des questions. Il décida d'en lâcher une tout de suite, la première qui lui était passée à l'esprit, sans même attendre la réponse d'Appolonia.

Lorsque vous parlez des parents d'Aenor, parlez-vous bien de Serena et Vender ? Ou s'agit-il d'autres dieux ou gardiens dont j'ignore l'existence ?

Chassez le naturel, il revient au galop. Empêcher Alimer de poser des questions nécessitait souvent un sort de silence ou une menace voilée.

Lorsque le jeune seigneur expliqua ce qu'il avait retiré de la légende, Appolonia hocha simplement la tête en signe de satisfaction face à la réponse.

Oui la divinité appelé Vender est considéré comme le père d'Aenor. Toutefois, Serena n'en est pas la mère. L'histoire ne précise pas qui elle était. Cette légende remonte à l'époque des Rêves et les sources sont confuses quant à cette période de l'histoire. Et Aenor aime laisser planer le doute à ce sujet.

Pas si commune, ricana la vieille dame, mais les gens aiment toujours avoir l’air intelligent en sortant des grands mots.

S’il faut en croire les sages, nous sommes dans le 5e monde. Ce serait le nombre de fois que Keredor aurait été détruite puis reconstruite.

Le 1er monde est celui des Anciens. Un peuple dont on ne connait presque rien et qui aurait vécu aux débuts des temps laissant derrière eux des prodiges architecturaux comme les Tour de Guerre entre autres. On ne sait pas comment le monde fut détruit exactement mais ce serait Serena qui lui aurait donné une deuxième vie.

Le 2e monde est celui des Légendes. Il recoupe presque la totalité du règne des Eldars, les ancêtres des maëlinn. C’est à cet époque qu’aurait eu lieu la première invasion par les troupes de Sombreterre bien que plusieurs récits contredisent cette théorie. Le monde s’est achevé par la destruction du premier arbre de la vie aux mains d’Allissedran et de son Armée Noire. Cette fois encore ce serait Serena qui lui aurait redonné vie au travers de son compagnon Alexiel.

Le 3e monde est celui des Rêves. C’est à cet époque que beaucoup de nos légendes prennent places. Nous parlons toujours d’une époque de laquelle ne demeure aucun écrit ou presque. Certains la surnomme l’Ère des Ténèbres. Le monde se relève et se reconstruit lentement jusqu’à l’avènement d’un grand cataclysme qui causera la destruction du monde. Cette fois, ce sera Eirok qui interviendra et redonnera un nouveau souffle à Keredor.

Le 4e monde est celui des Héros. C’est celui de la naissance et la gloire de l’empire des mages du Se-Alund. Un monde ou la magie règne en maitre, ou les cités volent dans les cieux, et ou même les grands Seigneurs Élémentaux s’agenouent devant la puissance des Archimages. C’est leur soif de pouvoir et leur volonté d’être l’égal des dieux qui détruira leur empire et notre monde dans une formidable explosion qui endommagera la Création elle-même et qui provoquera l’explosion de toutes les nexus de Keredor simultanément. De nouveau Eirok intercède et fera en sorte que notre histoire reprenne son cours interrompu si violemment.

Il donnera naissance au 5e monde, le nôtre.

Alors dis-moi jeune seigneur, ai-je l’air plus intelligente moi aussi en racontant toutes ces histoires, dit-elle avec une pointe d’amusement dans la voix.

Parce que pour reprendre ton exemple, l'intelligence sans la sagesse, c'est comme de lancer une pierre au visage de ton interlocuteur chaque fois que tu ouvres la bouche. Savoir ne donne aucunement le droit de se moquer de ceux qui ne savent pas mais plutôt le devoir de les éduquer, fit-elle avec un clin d'oeil.

Oh si. nous avons tous passé par le chemin d'apprentis et un jour on passe par celui de maitre. Aucun des deux chemins n'est aisé, conclut la vieille femme d'un air patient.

((HJ: C'est à ce moment que ton personnage se verra transporté au banquet ))