Le soleil avait entamé sa lente descente par delà l’horizon, teintant le ciel de lueurs pourpres et écarlates. Sur la lande avoisinante, un vent froid et mordant soufflait sur les herbes rabougries qui, ici et là, parsemaient le paysage. L’ensemble donnait une impression d’attente, comme une accalmie entre deux tempêtes.
Soudainement, le vent tourna, amenant avec lui une douce fraîcheur, souvenir de contrée lointaine, et plus paisible. Comme une ponctuation à cet étrange changement, une silhouette apparaît brusquement au sommet d’une colline surplombant les terres.
Il s’agit d’un homme entre deux âges, revêtu simplement d’une bure brune. Ses bottes et son vêtement son couvert de la poussière des grands chemins, et il tient à la main un long bâton sur lequel il s’appui lourdement, tentant de reprendre son souffle.
D’un regard tranquille, il embrasse les environs, comme cherchant un indice, une trace, d’un évènement quelconque. Mais rien ne vient troubler le paysage. Une sombre satisfaction illumine alors le visage résolu de l’homme, teinté d’une triste attente. D’une voix douce, l’homme à la bure se met à parler, comme réfléchissant à haute voix.
« Il semble qu’il reste encore un peu de temps avant que la folie et le chaos des dernières années n’atteignent ces terres. Non pas que je puisse y faire quoi que ce soit. Mais bientôt bien des âmes innocentes requerront aide et assistance. »
Le voyageur jette alors un dernier regard sur la contrée, comme cherchant à s’orienter et, avec un soupir, entame la descente, s’assurant à chaque pas sur son bâton. Bientôt, il disparaît derrière la colline, laissant pour seule preuve de son passage quelques empreintes ici et là dans la terre meuble.
Et le vent se remet à souffler, plus froid et mordant que jamais.